La phobie spécifique

Qu’est-ce qu’une phobie spécifique ?


La phobie spécifique est une peur intense déclenchée par la présence d’un objet, une situation ou par la crainte d’y être confronté. La peur est irrationnelle et la personne en a conscience, mais ne parvient pas à la contrôler.

Afin de ne pas avoir peur, la personne va chercher à éviter l’objet de sa phobie, ce qu’on appelle l’objet phobogène. Cet évitement a comme effet pervers d’augmenter le niveau d’anxiété ressenti face à l’objet phobogène, en plus de parfois affecter le fonctionnement de la personne. Par exemple, une personne qui a peur des avions et s’abstient de voyager pour son travail pourrait être incapable de s’accomplir professionnellement.

Les causes de la phobie spécifique


Environ 18% des gens auront une phobie à un moment ou un autre de leur vie. La phobie spécifique, plus souvent présente chez les femmes, apparaît en moyenne vers l’âge de 15 ans, connaît un pic vers l’âge de 45-60 ans, et décroît par la suite. Elle peut également survenir au cours de l’enfance et disparaître à l’adolescence. Les phobies sont rarement uniques, par exemple une personne ayant peur des abeilles a souvent peur des araignées.

Il y a peu de recherches sur les phobies spécifiques, et cela est principalement dû au fait que très peu de gens consultent des professionnels pour traiter leur phobie (on parle de seulement 8% des personnes ayant une phobie). En effet, il peut être très embarrassant pour un adulte d’affirmer, par exemple, qu’il a peur du tonnerre.

Selon les recherches effectuées, il semble que la plupart des phobies comprennent des facteurs génétiques importants. Toutefois, celles-ci seraient également issues de l’interaction avec l’environnement.

Voici quelques situations qui peuvent engendrer une phobie spécifique.

  • Un conditionnement : avoir vécu une mauvaise expérience et associer ce sentiment désagréable avec l’objet. Par exemple, avoir une phobie des ascenseurs après avoir été agressé dans un de ceux-ci.
  • Un apprentissage par observation : observer sa mère craindre les souris pourrait amener à associer les souris au danger.
  • Une information qui mentionne un danger : voir à répétition des articles de journaux portant sur des écrasements d’avion pourrait mener à une phobie des avions.

La personne peut également être confrontée une seule fois à une situation ayant déclenché une réponse de peur, ce qui est suffisant pour établir une phobie sur le long terme. Par exemple, si vous avez été attaqué par un chien au cours de votre enfance, il est possible que cet événement vous ait marqué suffisamment pour déclencher une réponse de peur à chaque rencontre avec un animal. Dans ce cas précis, on assiste également à un processus de généralisation, où la phobie des chiens se généralise à tous les animaux.

Quelques types de phobies


Voici quelques phobies courantes :

  • Phobie des animaux ;
  • Phobie de l’environnement naturel : orage, eau ;
  • Phobie des hauteurs ;
  • Phobie des transports ;
  • Phobie des maladies ;
  • Phobie du sang, des blessures et des injections ;
  • Phobie situationnelle : espaces fermés ;
  • Phobie du dentiste.

Contrairement aux autres types de phobies, la phobie du sang, des blessures ou des injections ne mène pas à une accélération du rythme cardiaque. À l’opposé, celle-ci est marquée par un ralentissement du rythme cardiaque et peut causer l’évanouissement, un symptôme typique de cette phobie. Lorsqu’une personne avec une phobie des injections doit se faire vacciner, elle peut contracter volontairement ses muscles ou penser à une chose qui la met en colère afin d’augmenter son rythme cardiaque et ainsi empêcher de s’évanouir.

Il convient de distinguer l’agoraphobie, soit la crainte de se trouver dans des endroits publics ou des espaces clos sans possibilité de sortie, de la phobie spécifique. Alors que la phobie spécifique concerne un objet ou une situation unique, l’agoraphobie fait plutôt référence à la peur de ressentir des symptômes de panique ou embarrassants dans certaines situations où elle ne pourrait pas s’échapper. Une personne qui souffre d’agoraphobie craindra donc de faire une attaque de panique dans le train, alors qu’une personne avec une phobie spécifique aura plutôt peur de prendre le train en tant que tel, souvent en craignant qu’il déraille.

Toutefois, entrer en contact avec l’objet phobogène peut causer une attaque de panique, comme c’est le cas pour l’agoraphobie. La différence entre ces deux troubles se tient surtout dans l’origine de la peur.

Existe-t-il un traitement aux phobies spécifiques ?


Il a été démontré que le traitement le plus efficace pour soigner les phobies spécifiques est la thérapie cognitive comportementale (TCC). L’efficacité de ce type de thérapie dépasse de loin celle des traitements médicamenteux.

On préconise un traitement par exposition directe (in vivo) ou en réalité virtuelle. Lors de ces séances de thérapies, le psychothérapeute expose la personne à l’objet de sa phobie tout en s’assurant de lui donner des conseils afin qu’elle soit capable de gérer la panique générée par la peur. L’exposition peut se faire graduellement, par exemple en commençant par des images, selon la sévérité de la phobie. Il est aussi courant d’établir une liste des phobies et d’affronter celles qui semblent les moins anxiogènes en premier. Le thérapeute va également travailler avec la personne afin de réduire ses comportements d’évitement.

Voici un exemple de thérapie cognitive comportementale :
Mathieu a peur des araignées, il fait des crises de panique chaque fois qu’il en voit une et a même cessé de descendre au sous-sol de sa maison par crainte de voir une araignée. Sa thérapeute lui explique qu’elle va lui montrer des images d’araignées et qu’il doit se concentrer sur sa respiration afin de prévenir une crise. Mathieu commence par jumeler des techniques de respiration à l’exposition à des images d’araignées, puis au fil du temps, à des vidéos et enfin à des vraies araignées. Il est désormais en mesure de côtoyer des araignées sans paniquer.

Ne pas hésiter à demander de l’aide


Si vous vous reconnaissez dans ce trouble, il est important d’aller chercher de l’aide en consultant un professionnel de la santé. Pour ce faire, vous pouvez consulter le site web de l’Ordre des Psychologues du Québec. Notre ligne d’écoute est à votre disponibilité si vous ressentez le besoin de parler à quelqu’un, nous sommes là pour vous accompagner.

Voir les sources d'information utilisées dans ce texte
  • Le Manuel Merck. Troubles phobiques spécifiques.
  • Mirabel-Sarron, C. & Vera, L. (2012). Chapitre 5. Les phobies spécifiques : définitions et traitements. Dans : , C. Mirabel-Sarron & L. Vera (Dir), Comprendre et traiter les phobies (pp. 79-117). Paris: Dunod.
  • Cottraux, J. & Mollard, É. (2014). 14. Phobies spécifiques. Dans : Jean-Philippe Boulenger éd., Les troubles anxieux (pp. 132-143). Cachan: Lavoisier.
  • Chapelle, F. (2018). 9. Phobies spécifiques. Dans : , F. Chapelle, B. Monié, S. Rusinek & R. Poinsot (Dir), Thérapies comportementales et cognitives: En 37 notions (pp. 65-70). Paris.