La phobie sociale

Qu’est-ce que la phobie sociale ?


Un individu souffrant de phobie sociale, également appelée anxiété sociale, craint et/ou évite les situations où il doit interagir avec d’autres personnes. Il peut également craindre les situations où il pourrait être observé, par exemple manger en public ou se lever pour aller aux toilettes pendant un cours. La peur des interactions sociales tire souvent son origine de la crainte de subir un jugement négatif de la part des autres. La personne craint de sortir du lot et de se faire remarquer. Elle a peur qu’on la trouve ridicule, stupide ou ennuyante. L’anxiété liée aux situations sociales est si grande qu’elle peut empêcher une personne de fonctionner correctement au quotidien.

Une personne pourrait par exemple :

  • avoir de la difficulté à travailler ;
  • être incapable de faire des présentations orales (au travail ou à l’école) ;
  • ne pas pouvoir rencontrer de nouvelles personnes.

La phobie sociale peut être reliée exclusivement aux situations de performance sociale. Ainsi, une personne peut se sentir très à l’aise lors de situations sociales régulières telles que commander au restaurant, mais craindre de faire une présentation pour l’école ou le travail.

Quelques caractéristiques principales de l’anxiété sociale


Voici quelques caractéristiques présentes chez les personnes qui ressentent de l’anxiété sociale.

  • Une grande timidité.
  • Un perfectionnisme lors de performances sociales : la personne a des exigences personnelles très élevées concernant les performances sociales, allant d’une simple conversation à une importante présentation devant plusieurs personnes; elle veut être parfaite dans les situations sociales.
  • Un biais attentionnel jumelé à une interprétation négative des situations ambiguës : la personne porte attention aux critiques et aux réactions négatives des autres (le biais attentionnel) et lorsqu’elle ne sait pas si les autres ont une attitude positive ou négative à son égard, elle pense automatiquement que la personne a une attitude négative (interprétation négative des situations ambiguës).

Exemple :
Maxime sort d’une entrevue. Il croit que la rencontre s’est très mal passée, car il a fait une blague maladroite qui a mis mal à l’aise la personne qu’il rencontrait. Il se dit que l’entrevue était un échec et qu’il ne sera jamais rappelé. Toutefois, il oublie à quel point il a captivé l’interviewer en racontant son parcours professionnel et comment il était impressionné (biais attentionnel).

Quelques jours plus tard, Maxime s’assoit dans l’autobus et la personne dans le siège d’à côté se lève immédiatement. Il conclut qu’il doit avoir l’air bizarre et que la personne voulait s’éloigner de lui. Il n’a pas du tout envisagé la possibilité que la personne devait sortir au prochain arrêt ou bien que son action n’avait aucun lien avec la présence de Maxime (interprétation négative des situations ambiguës).

Dans certaines cultures collectivistes, il est très répandu et même bien vu de craindre de brusquer ou d’offenser les autres. Dans ces cas, il s’agit d’une norme culturelle et non d’une anxiété sociale.

Les causes de l’anxiété et la phobie sociale


L’anxiété sociale apparaît souvent suite à une expérience sociale qui s’est mal déroulée, par exemple une présentation orale lors de laquelle des camarades de classe se sont moqués de la personne. La personne devient donc de plus en plus anxieuse à l’idée qu’une situation semblable se produise et un trouble d’anxiété sociale peut faire son apparition. Ce trouble évolue souvent assez lentement, il peut donc être diagnostiqué assez longtemps après l’événement déclencheur. L’apparition de ce trouble se produit généralement à l’enfance ou l’adolescence, possiblement car c’est le moment dans notre vie où on est le plus sensible au jugement des pairs. Ainsi, une expérience humiliante vécue à 11 ans sera beaucoup plus marquante que si elle est vécue à 30 ans.

Selon la théorie comportementale, la phobie sociale serait due à un manque d’aptitudes sociales. Cette mésadaptation entraîne des comportements considérés comme étranges par les autres, et la personne est donc répétitivement critiquée sur ses interactions sociales. Ceci peut créer une grande anxiété chez cette personne, puisqu’elle n’arrive pas à décoder les normes sociales et s’y conformer.

Il a également été démontré que les personnes souffrant d’anxiété sociale sont plus sensibles aux signes sociaux que ceux qui n’en souffrent pas. Par exemple, si j’échappe de la sauce sur mon chandail en mangeant et que mes collègues rient, cet événement risque d’occuper mes pensées plus longtemps si je souffre d’une phobie sociale.

Quelques signes et symptômes de la phobie sociale


En plus de chercher à éviter les situations sociales anxiogènes, la personne ayant une phobie sociale peut ressentir différents symptômes :

  • Tremblements musculaires
  • Douleurs au ventre
  • Palpitations cardiaques (coeur qui bat très rapidement)
  • Transpiration
  • Rougissement
  • État de confusion
  • Souffle court

Existe-t-il un traitement à la phobie sociale ?


La phobie sociale se traite généralement par une thérapie d’exposition, jumelée à une thérapie cognitive. Ainsi, la personne devra s’exposer aux interactions sociales, par le biais de jeux de rôles, de commandes au restaurant, de courtes interactions avec des inconnus, etc. Cette exposition permettra de s’habituer aux interactions sociales et de réduire le niveau d’anxiété vécue lorsque celles-ci surviennent. De plus, la personne peut suivre une thérapie de restructuration cognitive, c’est-à-dire qu’elle apprendra à détecter ses pensées anxiogènes et à les remplacer par des pensées plus réalistes. Par exemple, la personne pourrait apprendre à ne pas immédiatement conclure qu’on la déteste lorsqu’une personne hausse légèrement son ton de voix.

Ne pas hésiter à demander de l’aide


Si vous vous reconnaissez dans ce trouble, il est important d’aller chercher de l’aide en consultant un professionnel de la santé. Pour ce faire, vous pouvez consulter le site web de l’Ordre des Psychologues du Québec. Notre ligne d’écoute est à votre disponibilité si vous ressentez le besoin de parler à quelqu’un, nous sommes là pour vous accompagner.

Voir les sources d'information utilisées dans ce texte
  • Guelfi, J. D., & Crocq, M. A. (2015). DSM-5 : Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (5e éd.). Elsevier Masson.
  • Collectif. (2017). Introduction à la psychopathologie. CHENELIERE.
  • Anxiété sociale. (s. d.). Gouvernement du Québec.